Lorsqu’un notaire envisage de créer son propre office notarial, il ne s’agit pas seulement d’une nomination administrative: c’est véritablement la création d’une entreprise avec ses enjeux financiers, opérationnels, humains et stratégiques. Le business plan ou dossier prévisionnel en français, est l’outil central qui transforme une idée en projet structuré et crédible.

À quoi sert un “business plan” dans le contexte d’un office notarial ?

  • Structurer votre projet : clarifier vos objectifs, votre positionnement, vos services, votre marché, vos ressources.
  • Estimer les besoins financiers : anticiper les charges (locaux, salaires, équipement, informatique, etc.) et les produits (actes, consultations, négociation…).
  • Convaincre les organismes bancaires (CDC, Interfimo, Banques traditionnelles) : toutes ces entités vont exiger un dossier solide avant de vous accorder un prêt. Le business plan peut vous permettre aussi d’obtenir de meilleurs conditions de financement (meilleur taux, apport moins important, garanties plus avantageuses…).
  • Piloter l’activité : le business plan n’est pas figé — il devient un outil de suivi (réalisé vs prévisionnel), de réajustement et de pilotage périodique. Il vous donne la trajectoire, la direction à suivre.
  • Anticiper les risques : identifier les aléas (retard de clientèle, charges imprévues, concurrence locale) et prévoir des marges de sécurité. Quand vous l’actualisez avec les chiffres réels obtenus vous pourrez par exemple renégocier des conditions d’emprunt voire, en cas de difficulté, demander des découverts ou prêts de trésorerie pour palier à un problème de paiement vis à vis d’un client important.

Les étapes clés pour élaborer un business plan performant pour un office

Voici les principaux composants d’un business plan adapté à la création d’un office notarial :

1. Analyse de l’environnement local

  • Étude de marché : analyser les secteurs du notariat (évolution de l’immobilier localement, la confiance des dirigeants pour les opérations de leurs entreprises, les indicateurs du droit de la famille : taux de divorce, revenu moyen par habitants…), les segments de clientèle (répartitions entre particuliers, entreprises, collectivités, répartition entre résidences principales ou secondaires, répartition par tranches d’âge, les volumes du marché local.
  • Analyse de la concurrence : quels offices déjà implantés ? Quels services complémentaires offrent-ils ? Quelles failles ou opportunités locales (zones peu couvertes, spécialisation) ?
  • Contexte réglementaire & juridique : comprendre les obligations et contraintes propres au notariat (type de rémunération possible, facturation d’honoraires, règles de déontologie, obligations de structure).

2. Définition de la stratégie et du modèle d’activité

  • Positionnement : généraliste, spécialisé (immobilier, successions, droit rural, etc.), mix de services.
  • Offres & tarifs : définir une grille tarifaire en fonction de ce qui est inclus dans le tarif et ce qui peut faire l’object d’une facturation de conseils (en conformité avec les barèmes légaux) et projeter le volume annuel d’actes.
  • Calendrier de montée en charge : on estime souvent qu’il faut plusieurs mois avant que les recettes commencent à compenser les dépenses.
  • Partenariats ou prescription : collaborations avec avocats, experts-comptables, conseillers en gestion de patrimoine, géomètres, promoteurs, agents immobiliers.

3. Plan financier prévisionnel

  • Charges d’aménagement et d’installation : travaux des locaux (accessibilité, câblage, rafraîchissement…), mobilier, fournitures, systèmes de sécurité, signalétique ou affichage obligatoire.
  • Investissements informatiques et logiciels : logiciels de rédaction d’actes, base de recherches documentaires, site web, outils de communication.
  • Charges de fonctionnement : loyers, charges locatives, télécommunications, abonnements, assurances, frais de gestion, honoraires extérieurs.
  • Ressources humaines : salaires des collaborateurs, charges sociales, formation, frais de recrutement.
  • Dotations et amortissements : matériels, équipements, investissements lourds.
  • Recettes projetées : nombre d’actes, facturation d’honoraires, services annexes, poursuite d’activité dans le temps.
  • Seuil de rentabilité : calculer le point mort (recettes minimales pour couvrir les charges).
  • Besoin en trésorerie de démarrage : prévoir la trésorerie nécessaire pour couvrir les mois où les recettes ne suffisent pas aux charges.

4. Modalités de financement et de remboursement

  • Durée de remboursement : le notariat reste un secteur bien financé avec des durées longues de remboursement, généralement comprises 10 et 15 ans. La durée de remboursement qui vous sera proposé est fonction de nombreux critères : potentiel de développement, rentabilité envisagée…
  • Multiples sources possibles : proposer des simulations auprès de plusieurs établissements bancaires, mobiliser des fonds propres, subventions ou aides spécifiques à la création d’entreprise (comme le prêt créateur de la CDC d’un montant d’environ 150 k€).
  • Conditions et garanties : identifier les sûretés demandées (caution, nantissement, garanties personnelles).

5. Plan opérationnel et calendrier de mise en œuvre

  • Étapes du lancement : recherche et choix des locaux, aménagement, équipement informatique, recrutement, ouverture. La encore il convient de bien analyser la concurrence établie et le potentiel d’un quartier avant de commencer les recherches.
  • Phases d’investissement progressives : prioriser les investissements indispensables, différer les autres.
  • Feuille de route avec jalons : date d’ouverture, date estimée des premiers clients, pallier les retards possibles.

6. Suivi, ajustements et pilotage

  • Actualisation périodique : réviser le business plan tous les 3, 6 ou 12 mois selon l’activité réelle.
  • Tableaux de bord & indicateurs : taux de marge, vitesse d’acquisition de nouveaux clients, ratio charges/recettes, délai de recouvrement, etc.
  • Scénarios alternatifs : prévoir des scénarios “optimiste”, “réaliste” et “pessimiste” pour tester la robustesse du modèle.
  • Réactivité stratégique : si la demande est inférieure aux attentes, anticiper des ajustements de structure, de personnel ou d’offres.

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